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Podcast Résonance - L’Europe d’après-guerre (1939-1945) : renaître de ses cendres - Épisode 3/6

Veuillez découvrir le podcast sur la reconstruction d’après-guerre et la naissance de l’Europe économique, présenté par Salma Haouach, chroniqueuse économique, et enrichi par la vision de Luc Rodesch, membre du Comité Exécutif et Responsable Banque privée.

Bienvenue dans Résonance, le podcast de la Banque de Luxembourg, qui revient sur les grands événements de ces 100 dernières années. Nous vous proposons notre éclairage sur leur résonance dans la société moderne. Comment ces événements d'hier peuvent nous amener à considérer les enjeux financiers de demain ?

Découvrez cette série de 6 podcasts qui analyse avec un regard positif les grandes évolutions nées de crises précédentes.

 

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C’est la période de prospérité économique à l’intérieur de cet espace européen qui a permis le développement de l’économie luxembourgeoise et de sa place financière.Luc Rodesch, Responsable banque privée

Le podcast en résumé

Après la guerre, Christian Dior défraie la chronique avec une collection New Look. En 1947, et comme tous les grands artistes, il annonce une période de reconstruction et de faste. Le traumatisme de l’après-guerre a fait place à une exubérance de tous les possibles ! La même année, le Général Georges Marshall présente à l’université d’Harvard un plan de reconstruction mondiale qui portera encore son nom. Avec une idée aussi bienveillante qu’intéressée : envoyer les millions de dollars accumulés pendant la guerre par les États-Unis, afin d’aider l’Europe à relancer la machine économique... Et potentiellement à acheter davantage de biens de consommation - américains, cela va de soi.

A la suite du plan Marshall apparaissent Les Trente Glorieuses. Pour beaucoup, le plan Marshall a sauvé l’Europe, mais les historiens sont plus nuancés car des relances nationales existaient déjà à l’époque. Quoiqu’il en soit, le plan Marshall est devenu plus de 70 ans après son lancement un modèle de boom économique.

Cette idée de relance massive est aujourd’hui proposée par de nombreuses économistes pour dynamiser la machine économique post-covid.

Ces années-là voient également la naissance de nombreuses institutions internationales chargées de planifier, de réglementer et d’intervenir dans les économies mondiales. La Banque internationale, créée en Décembre 1947, pour la reconstruction et le développement, deviendra plus tard la Banque mondiale. D’autres institutions bancaires et financières en profitèrent pour prendre leurs lettres de noblesse dans ce nouveau contexte de paix.

On parle alors de développement, la priorité étant d'abord la reconstruction de l'Europe et du Japon. Le FMI voit également le jour ainsi que les accords de Bretton Woods : tout annonce la couleur de la mondialisation et jette les bases des Trente Glorieuses. Mais surtout, l’Europe se dit : plus jamais ça, alors, unissons-nous !

Le Luxembourg a soutenu dès le départ l'idée européenne et était tout naturellement un des pays fondateurs.Luc Rodesch, Responsable banque privée

La croissance économique et la mise en place de l'État-providence entraînent l'amélioration du logement, de l'éducation, des soins de santé et des services sociaux. En Europe occidentale, la planification des pouvoirs publics accompagne la reconstruction du secteur privé. Dans la sphère communiste, les économies planifiées, dirigées par l'État, contrôlent toutes les ressources nationales, intervenant à volonté dans la vie quotidienne des citoyens. Les différences entre économie de marché et économie d'État sont indubitables. Mais elles partagent un objectif commun, inspirée par la doctrine keynésienne : une croissance du PIB poussé par l’investissement et la consommation. Le mantra de Keynes était d’ailleurs : dépensez plus ! Il amena l’idée d’une alternance d’expansions et de pauses au lieu du précédent modèle expansion-récession. Créer de la richesse sera le mot d’ordre de ces années-là.

Face à une augmentation substantielle de richesses, de nouveaux modèles voient le jour : d’une part la société de consommation et d’autre part, des placements et investissements.

Une question se pose : quels en sont les impacts pour le Luxembourg et pour la construction européenne ? Rencontre avec Luc Rodesch, Responsable banque privée de la Banque de Luxembourg.

« Les placements des années 50 marquent le début de la construction européenne.

C’est le 9 mai 1950, que Robert Schuman – à l’époque ministre des affaires étrangères en France et né à Luxembourg – a prononcé son discours sur l’intégration du marché de l’acier et du charbon européen – qui est aujourd’hui perçu comme l’acte fondateur de l’Union Européenne. Deux ans plus tard, la Communauté européenne du charbon et de l’acier est fondée et le Traité de Rome est signé en 57. Le Luxembourg a soutenu dès le départ l'idée européenne et était tout naturellement un des pays fondateurs ; et ceci pour une double raison qui est, en fait, liée à la taille du pays.

En tant que petit pays enclavé entre les deux grandes puissances européenne - à savoir l’Allemagne et la France le Luxembourg était très marqué par les deux Guerres mondiales et surtout par la double occupation allemande. C’est donc le projet européen qui était le meilleur garant de paix et de préservation de l’autonomie et de l’indépendance luxembourgeoise.

Ensuite la taille réduite du marché domestique luxembourgeois fait qu’on était – de tout temps – condamné à faire du commerce international ou transfrontalier, et c’est la période de prospérité économique à l’intérieur de cet espace européen qui a permis le développement de l’économie luxembourgeoise et de sa place financière.

C’est une période de création de richesse importante et les entrepreneurs européens - qui étaient eux aussi marqués par cette Seconde Guerre mondiale – cherchaient un environnement stable, stable d’un point de vue politique, économique et social pour sécuriser une partie de leur patrimoine ; idéalement avec des interlocuteurs qui parlaient leur langue. Et c’est à Luxembourg qu’ils trouvaient, et continuaient à trouver, leur bonheur.

Le multilinguisme et l’attitude multiculturelle du Luxembourg sont finalement des valeurs européennes mais surtout sa stabilité exemplaire sont aujourd’hui, plus que jamais, nos principaux atouts dans un monde qui est devenu de plus en plus incertain. »

Les placements attireront de nombreux investisseurs au Luxembourg et ancreront la place comme un refuge stable et fiable. Une résonance toute particulière aujourd’hui en ces temps agités. Cela rappelle la vision de durée de Bergson, qui est opposé au temps court qui pourtant semble prédominer.

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