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Chers clients, Chers entrepreneurs,
Quelle est la réaction de la Banque centrale européenne face à une inflation qui atteint des sommets, d’une part, et quel sera l’impact de la nouvelle politique de la Banque centrale sur les entreprises au Luxembourg, d’autre part ?
C’est un sujet d’actualité qu’il faut placer dans la conjoncture prévisionnelle actuelle. C’est pour cette raison que nous nous sommes réunis pour partager avec vous les réactions de nos experts.

Retrouvez ci-dessous l'article en français.

J’ai le plaisir d’accueillir Guy Wagner, Managing Director de Banque de Luxembourg Investments, Pit Linster, responsable de notre Département Entreprises ainsi que Vic Weiler de la salle des marchés, notre expert en matière de taux d’intérêt.

CS : Guy Wagner, comment décrirais-tu l’environnement dans lequel évoluent les entreprises actuellement ?

GW : Tu viens de mentionner cette inflation galopante. Effectivement, cette inflation en hausse est clairement une nouveauté depuis une bonne année. Pour les entreprises, cela signifie clairement une envelovée des coûts. Le second aspect, c’est l’environnement des taux qui a changé lui aussi. Depuis la crise financière, nous nous sommes habitués à des taux extrêmement bas, alors que désormais, les taux d’intérêt commencent à grimper.

CS : À ton avis, quel sera la suite : doit-on s’attendre à une croissance économique ou plutôt à une récession ?

GW : Il y a toujours le spectre de la récession, mais l’on ressent déjà les premières répercussions de la hausse des taux et des prix de l’énergie sur la conjoncture. Aux États-Unis, on remarque que certains segments s’en sortent encore bien, mais que d'autres commencent à souffrir, comme le marché national ou le marché immobilier. Et puis en Europe, il y a bien évidemment cette peur croissante entourant la problématique énergétique qui pourrait avoir d'importantes répercussions sur l’économie. D’après moi, il est évident, en termes de croissance ou de récession, sans vouloir être trop catégorique, que les perspectives de croissance se sont assombries.

CS : Et qu’en est-il des perspectives d’inflation selon toi ?

GW : L’inflation est un sujet délicat pour le moment. L’année dernière, quand l’inflation a augmenté, les banques centrales avaient affirmé que c’était une situation temporaire. Elles ont entre-temps changé d’avis puisque cette inflation persiste, contrairement à ce qu’elles ont pu penser l’année dernière. C’est là qu‘il faut bien faire la distinction ; il y a une hausse des prix, avec une augmentation de 10 à 11 %. Dans un premier temps, il s’agit d’une inflation de 10 %, mais avant tout ce sont les niveaux des prix qui ont augmenté. Si l’année prochaine, on se situe toujours à 11 %, on ne parlera plus d’inflation puisqu’on comparera 11 % et 11 %, mais les prix, eux, seront toujours élevés. J’estime que la hausse des différents prix, et des salaires en partie, existe réellement, et il est clair qu’elle persistera. Quant à savoir s’il faut s’attendre à une spirale inflationniste, avec des prix qui augmentent chaque année, ce n’est selon moi pas le scénario à venir, d’autant plus que si l’économie devait s’affaiblir, alors l’inflation reculerait elle aussi, dans un premier temps au moins.

CS : Quel sera l'impact de la conjoncture sur les entreprises ?

GW : Il faut savoir que lorsque nous investissons dans des actions, nous achetons en fait des entreprises. Nous faisons donc la différence entre les entreprises qui sont effectivement capables de répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs clients, qui ont en quelque sorte un pouvoir sur la fixation des prix, comme on dit, celles qui sont en mesure d’augmenter leurs prix, et les entreprises qui n’ont pas les moyens de le faire. Bien entendu, ce sont ces dernières qui souffrent dans un tel environnement inflationniste, puisqu’automatiquement, leurs marges vont baisser. Et l’histoire nous a toujours montré que l’inflation finit par remettre en cause, de manière durable, les modèles économiques de certaines entreprises.

CS : Vic Weiler, parlons un peu du rôle de la Banque centrale européenne. Jusqu’à présent, comment peut-on décrire le contexte de la politique de la Banque centrale ?

VW : Dès lors que l’inflation moyenne de la zone euro se trouve depuis presque 10 ans largement en dessous de l’objectif de la Banque centrale, à savoir 2%, les taux directeurs se situaient bien entendu à un niveau historiquement bas. D’une part, les banques ont pu emprunter des fonds auprès de la Banque centrale à un taux de 0 %, et d’autre part, elles ont pu placer l’argent à -0,50 %. Depuis le milieu de l’année dernière, l’inflation a fait un bond pour parvenir au taux de 8,6 % à l’heure actuelle.

CS : Tu viens d’aborder le sujet : 8,6 %, quelle sera la réaction de la Banque centrale européenne par rapport à une inflation aussi importante ?

VW : En effet, maintenant que l’inflation se situe à un niveau élevé, la Banque centrale doit réagir, et c’est la première fois depuis 2011. Après la réunion de la Banque centrale du 21 juillet, Mme Lagarde a annoncé une hausse des taux directeurs de 0,50 %.

CS : Faudra-t-il se limiter à une seule hausse des taux ?

VW : Non, ce ne sera pas suffisant pour lutter contre l’inflation. C'est pourquoi nous nous attendons à 3 autres hausses cette année, une en septembre, une autre en octobre, de 0,50 % chacune, et une dernière de 0,25 % en décembre. Ce qui signifie que d'ici la fin de l'année, le taux directeur passera de 0 % à 1,75 %.

CS : Et pour l’année prochaine ?

VW : Les hausses les plus importantes des taux auront lieu cette année. Pour l’année prochaine, nous nous attendons à une hausse de 0,25 % seulement, et de ce fait le taux directeur se situera autour de 2 % en 2023.

CS : Très bien. Merci Vic. Pit Linster, à ton avis, quelles seront les conséquences de la nouvelle politique de la Banque centrale sur les entreprises au Luxembourg ?

PL : Comme nous venons de l’entendre, la Banque centrale a décidé d’augmenter les taux, ce qui aura clairement des conséquences sur les dépôts des entreprises sur leurs comptes auprès de notre banque. Il y aura également un impact sur les coûts des crédits.

CS : Plus précisément, nos clients qui ont des liquidités sur les comptes ouverts auprès de notre banque, à quoi doivent-ils s’attendre ?

PL : Jusqu’à présent, sur un montant supérieur à 1 million, les entreprises étaient obligées de payer des intérêts. La bonne nouvelle, c’est qu’à partir du 1er août, ces intérêts négatifs seront supprimés. Nous appliquons le même principe sur les comptes d’épargne des entreprises. Leur rémunération sera de nouveau plus attrayante puisque nous allons payer des intérêts positifs sur le solde.

CS : Y a-t-il d’autres solutions pour les liquidités dont les entreprises n’ont pas besoin au jour le jour ?

PL : Oui, la politique de la Banque centrale aura également un impact positif sur les dépôts à terme, qui deviendront plus intéressants. Prenons l’exemple d’un dépôt à terme de 2 ans. Dans ce cas, on pourra s'attendre à une rémunération de 1,50 %. Il y a bien sûr d’autres solutions de placement pour les entreprises. Nos banquiers privés proposent un accompagnement personnalisé.

CS : Quel est l’impact sur les crédits de nos clients entreprises ?

PL : Pour nos entreprises ayant un crédit à taux variable de type Euribor 3M, il faut savoir que ce dernier évolue parallèlement à la politique de la Banque centrale. Si l’Euribor 3M se situe aujourd’hui autour de 0 %, il évoluera en territoire positif. Les experts estiment qu’il atteindra 2 % en 2023.

CS : L'évolution parallèle du taux d’intérêt variable s’applique-t-elle aussi au taux d’intérêt fixe ?

PL : Dans le cas d’un crédit à taux fixe existant, il n’y aura bien évidemment pas de changements. Pour nos clients souhaitant financer un nouveau projet qui demandent un taux fixe, il faut savoir que les hausses futures des taux d’intérêt de la Banque centrale sont déjà comprises dans leur taux. Ainsi, le taux fixe évoluera seulement si la Banque centrale intervient plus vite ou de manière plus importante que prévu.

CS : D‘accord. Que doivent savoir les entreprises si elles souhaitent financer un nouveau projet ?

PL : J’estime qu’il est important d’intégrer la hausse des taux dans la rentabilité d’un projet quand on fait le calcul. Ce qui signifie concrètement que, dans les business plans, il vaut mieux partir du principe qu’il faut payer des intérêts plus élevés. Bien évidemment, dans un environnement aussi complexe, nous sommes à disposition de nos clients. Nous souhaitons les accompagner, que ce soit pour structurer un crédit ou pour trouver un moyen de se protéger face à des taux en hausse. Entendu. Merci Pit.

Merci à vous.